Nous rejoignons l'analyse publiée récemment par Me Frédéric Cuif : depuis des années Windows est omniprésent sur le marché des systèmes d'exploitation pour ordinateurs personnels et s'y maintient par des pratiques commerciales maintes fois jugées déloyales (lire aussi les analyses de Me Cuif). Tout déploiement important d'alternative sur ce marché est bloqué en amont par des ententes implicites à la fois verticales et horizontales c'est-à-dire entre Microsoft, éditeurs de logiciels, fabricants et vendeurs mais également entre fabricants ou entre vendeurs. L'atteinte à l'économie en général, et à l'économie du logiciel en particulier, est considérable. Résultat : pour les citoyens consommateurs, que l'on veuille ou non d'un système d'exploitation Microsoft Windows, il faut le payer d'abord. En revanche, les entreprises, dès lors qu'elles ont une force d'achat suffisante, sont libres d'acheter les mêmes machines que les particuliers mais sans le système d'exploitation !
Nous dénonçons avec régularité ce comportement commercial agressif ainsi que le manque de courage des gouvernements français successifs et de la Commission Européenne chargée de la concurrence. Nul n'aborde de front ce problème. Il est pourtant majeur pour les citoyens européens et l'économie européenne : on constate un foisonnement d'innovation et de solutions pour les consommateurs dans les segments du marché où Microsoft n'a pas pu conquérir une position dominante (navigateurs, tablettes, ordiphones).
Ce n'est pas l'amende infligée le 6 mars 2013, ou celle infligée fin 2009 par la Commission européenne, portant sur le marché marginal des logiciels de navigation sur internet, qui rattraperont quinze ou vingt ans d'inaction au niveau européen pour les systèmes d'exploitation. D'autant qu'au final, ce sont les clients (forcés) de Microsoft qui paieront cette amende.
À quand un ressaisissement de l'Europe politique sur ce sujet ? Son rôle est de défendre non pas des intérêts privés mais ceux des consommateurs européens ; les Autorités de concurrence française et européenne doivent d'urgence se saisir de ce dossier afin de faire en sorte que la concurrence et l'innovation soient à nouveau le fer de lance de notre économie, au profit des consommateurs.