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Chatel : Pinocchio
Le Secrétaire d'État à la Consommation vient encore d'agir contre l'intérêt des consommateurs : il a balayé un amendement qui prévoyait l'affichage détaillé des prix lors d'une vente liée, notamment entre ordinateurs et logiciels. À cette occasion, il a menti quant à la jurisprudence existante. L'État français serait-il lié à la firme Microsoft ?
Certains députés défendent les consommateursSauf exception [1], il est impossible d'acheter l'ordinateur de son choix sans acheter simultanément des logiciels préinstallés. Pour défendre l'intérêt des consommateurs et leur pouvoir d'achat dans ce domaine où des articles fondamentaux du code de la consommation sont bafoués depuis des années (L.111-1, L.113-3, L.122-1), quelques députés ont proposé plusieurs amendements à la Loi de Modernisation de l'Économie (LME), actuellement en discussion à l'Assemblée Nationale. Nous les en remercions vivement. L'un de ces amendements [2] devait préciser la loi, aujourd'hui trop aisément contournable, en imposant l'affichage individualisé du prix de chaque élément d'une même offre. Il s'agit d'un élément central des demandes du Groupe de travail Racketiciels [3] :
Parce qu'elles permettraient de mieux informer les consommateurs, de telles dispositions devraient en outre accentuer la brèche significative ouverte par de nouvelles offres [6] dans le monopole de Microsoft sur les systèmes d'exploitation pour PC, un domaine dans lequel le rétablissement de la libre concurrence est inéluctable [7]. Quel intérêt d'afficher 100 euros ?Cet amendement était d'autant plus important que trop peu de consommateurs sont conscients du prix des logiciels pré-installés : Microsoft Windows à lui seul coûte par exemple entre 65 et 100 euros TTC pour sa version la moins chère, d'après de multiples sources publiques. Las, faisant fi de l'intérêt des consommateurs, Luc Chatel, pourtant Secrétaire d'État à la consommation, a fait rejeter cet amendement [8], alors même qu'il s'était inquiété de la question naguère, en tant que député [9]. PinocchioPour appuyer son rejet, le Secrétaire d'État n'hésite pas à affirmer en
séance que la En voiture, Monsieur Chatel ?Depuis son arrivée au secrétariat d'état à la consommation, c'est au moins la troisième fois que Monsieur Chatel ment sur ce sujet [13]. Cependant, ses affirmations ont peut-être été surpassées récemment, à l'audience du TGI de Paris, le 6 mai dernier : l'avocat du distributeur avait su, lui aussi, développer sans sourciller des arguments d'un autre âge. Après avoir tenté d'embrouiller la question de leur régime juridique, il avait voulu ridiculiser l'optionnalité des logiciels en la comparant à celle du moteur d'une voiture neuve. Cette confusion est dénoncée par l'AFUL, via le Groupe de Travail Racketiciels, depuis une décennie : les régimes juridiques sont totalement différents. Une assurance est nécessaire à l'usage d'une automobile, un abonnement est nécessaire à l'usage d'un téléphone mobile, faudrait-il aussi accepter la vente liée dans ces cas similaires ? L'État, otage du monopole ?Luc Chatel, tout à la fois libéral et ardent protecteur des monopoles : tiens donc ! Défenseur des consommateurs lorsqu'il était député, et promoteur de la vente liée en tant que Secrétaire d'État : on ne peut qu'être troublé... Il semblerait donc qu'une fois au sommet de l'État on doive forcément soutenir les monopoles au détriment des consommateurs. L'État serait-il otage du principal bénéficiaire de la vente liée ? Nous ne risquerions pour rien au monde un parallèle avec ce qui s'est passé pour le format OOXML ou pour le RGI [14]. Réunion à la DGCCRFCes constatations interviennent alors que, via le Groupe de travail Racketiciels, les associations AFUL et April préparent une réunion convoquée par la Direction Générale de la Consommation, de la Concurrence et de la Répression des Fraudes pour le 3 juillet prochain [15]. Nous saisirons cette occasion d'avoir un dialogue constructif avec les professionnels qui, face au flot croissant de demandes de remboursement, ont des réactions diverses, comme le constate l'équipe d'accompagnement des utilisateurs du Guide du remboursement [16] : certains constructeurs négocient le remboursement à l'amiable (plusieurs centaines d'euros) sous condition de non divulgation, d'autres envoient un avocat à l'autre bout de la France alors que les sommes en jeu ne couvrent même pas le prix d'un aller simple en train, d'autres enfin font appel à de très grands cabinets d'avocats dont les tarifs dépassent très largement le prix total de l'ordinateur. Pourquoi donc cette débauche de moyens de la part des constructeurs pour tenter de prolonger la vente liée, Monsieur le Secrétaire d'État, si la jurisprudence est véritablement si bien établie en sa faveur ? Références
À propos de l'AFUL (www.aful.org)Association Francophone des Utilisateurs de Linux et des Logiciels Libres, l'AFUL a pour principal objectif de promouvoir les logiciels libres ainsi que l'utilisation des standards ouverts. Ses membres, utilisateurs, professionnels du logiciel libre, entreprises ainsi que d'autres associations, sont issus d'une dizaine de pays ou de régions francophones (France, Belgique, Suisse, Afrique francophone, Québec). Interlocuteur de nombreux médias, l'AFUL est présente sur nombre de salons, conférences et rencontres. Elle agit notamment activement contre la vente liée (site Non aux Racketiciels, comparatif bons-vendeurs-ordinateurs.info), pour l'interopérabilité (membre de l'AFNOR, participation aux référentiels d'interopérabilité et d'accessibilité de la DGME, site formats-ouverts.org, etc.) ainsi que sur les problématiques du droit d'auteur. Contacts presse :
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