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Association Francophone des Utilisateurs de Logiciels Libres

French speaking Libre Software Users' Association

Promouvoir les logiciels libres ainsi que l'utilisation de standards ouverts.

AFUL : Libre ou Open Source ?

C'est avec grand plaisir que j'ai lu le dernier framabook Histoires et cultures du Libre. Les auteurs ont fait un long et bon travail et je le conseille à tout ceux qui souhaitent comprendre le mouvement du Libre via ses différentes composantes et son impact pour nos sociétés.

Cependant, un passage de la page 269 m'a particulièrement étonné  :

L’AFUL, créée en 1998, revendique quant à elle son appartenance au mouvement open source

Une telle affirmation surprend, sachant que AFUL est l’acronyme de Association Francophone des Utilisateurs de Logiciels Libres, que les statuts de l'association sont clairs sur ce que nous entendons par logiciels et ressources libres et que pas une seule fois le terme « open source » n'y est cité, que nous expliquons notre point de vue historique dans le chapitre Logiciels libres et Open Source de la page « Qu'est-ce qu'un logiciel libre ? », que le communiqué de presse annonçant la création de l'AFUL indique bien « l'ADN » de l'association en précisant que l'AFUL souhaite favoriser le développement d'une informatique libre, ouverte à tous, maîtrisée par ses utilisateurs et que dans toutes nos communications nous parlons toujours de « logiciels libres » voire parfois, pour être consensuel, de « logiciels libres et open source ».

Après discussion avec l'auteur, dont l'intégrité intellectuelle n'est pas à démontrer, pour comprendre son cheminement de pensée, sa conclusion est que l'AFUL, par son approche plus pragmatique que dogmatique, « développe un propos qui par certains aspects évoque celui du mouvement open source ».

Il est vrai que l'approche pragmatique a bien été développée par les initiateurs du mouvement open source (méthode de développement de logiciel qui exploite la puissance de l'examen par les pairs, distribuée, avec transparence du processus). L'AFUL est peut-être trop modeste sur ses positions et sur son travail de fond pour la promotion du Libre ce qui fait que l'auteur a pu tirer une telle conclusion, que je pense un peu hâtive.

Détaillons donc la position de l'AFUL sur ces différents sujets :

Avant tout, l'AFUL n'a pas souhaité et ne souhaite pas entrer dans le clivage idéologique « logiciel libre » contre « logiciel open source ». Ce clivage idéologique est un débat d'experts qui n'intéresse que les experts - et les trolleurs. La position de l'AFUL restera de ne pas prendre parti pour l'un ou l'autre des mouvements mais plutôt de travailler avec tous ceux qui veulent faire avancer les ressources libres. Ainsi l'AFUL est autant en relation avec la FSF ou la FSFE qu'avec l'OSI et continuera de soutenir toute initiative de toute organisation permettant d'augmenter les libertés des utilisateurs.

Il y a probablement des lacunes dans l'explication et la communication de la part de l'AFUL sur ce que nous entendons par avantages concrets des logiciels et ressources libres, qui doivent être mieux précisés. Contrairement à la position de l'Open Source Initiative qui axe son argumentation sur l'avantage qualitatif du modèle de développement open source, nous voyons plutôt à l'AFUL les avantages des libertés que les licences libres (et open source) accordent aux utilisateurs.

Bien que l'offre en logiciels libres n'ait jamais été aussi grande, nous constatons depuis plusieurs années un mouvement de fond vers une limitation des libertés des utilisateurs. Les exemples sont nombreux de logiciels non libres accolés avec du logiciel libre qui parfois relèvent du véritable cheval de Troie. Le nombre et la part de marché d'acteurs professionnels (qu'ils soient sociétés de service ou éditeurs) pratiquant des modèles d'affaires restreignant les libertés de leurs clients utilisateurs nous inquiète également sur le long terme.

Ainsi on pourrait effectivement dire que si l'AFUL n'a pas franchement un discours dogmatique pour que tous, partout, utilisent du logiciel libre (la liberté ne s'impose pas !), c'est que l'association cherche plutôt à faire comprendre pourquoi il est important que les logiciels et ressources soient libres en expliquant pourquoi, pourquoi faire et comment.

Lorsque l'AFUL cherche à expliquer que le logiciel libre dépend de ses utilisateurs ou il ne sera plus libre, que ce soit pour la pérennité de l'existant ou l’émergence des futurs logiciels, le discours est naturellement axé sur les avantages concrets et les valeurs apportées par les quatre libertés telles que définies par la Free Software Foundation.

Cette approche sur les avantages concrets qu'apporte le Libre nous permet par exemple de cibler notre discours auprès des entreprises utilisatrices, pas sous la forme « Arrêtez d'utiliser du logiciel privateur et passez au logiciel libre ! » mais plutôt en expliquant « Utilisez et participez au logiciel libre, améliorez le patrimoine et étendez-le ! Votre liberté future en dépend. ».

Si convaincre une entreprise ou une administration de choisir ou migrer vers le logiciel libre est certes satisfaisant, la voir contribuer et enrichir l'écosystème est une bien plus belle victoire. Si nous, militants, sommes convaincus de la supériorité du logiciel libre en termes de valeurs éthiques ou techniques, il reste à faire comprendre à ceux qui ont les moyens (techniques ou financiers) que la qualité et la multiplicité de l'offre en logiciel libre dépend de leur implication.

C'est pour cela que l'AFUL participe aux travaux de l'AFNOR dans la commission Formats de Documents Révisables, ou lance en 2011 le concours AFULtab et finance l'amélioration de logiciels libres communautaires. C'est aussi par des prises de parole publiques, par des échanges avec différentes entreprises utilisatrices ou productrices et en s'impliquant fortement dans l'éducation et l'éducation populaire que nous pouvons espérer pérenniser les libertés de l'utilisateur, motivation première des membres de l'AFUL.

S'il y a de très nombreuses mauvaises raisons de choisir du logiciel libre, notamment celles relevant de la recherche d'un moindre coût, les bonnes peuvent se résumer en trois mots qu'il faut marteler à long terme : confiance, partage, pérennité.

Posté par Laurent Séguin @ 19/05/2013 11:10 - Catégories : Humeur, L'association, Vision -  0 commentaires