Quand vous, consommateur, achetez un ordinateur, un système d'exploitation est déjà pré-installé, et sa licence d'utilisation vous est vendue conjointement avec l'ordinateur. Or, vous qui voudriez souvent avoir le choix, quel est votre intérêt ? Cette vente conjointe (appelée vente subordonnée) a-t-elle un impact sur la concurrence entre les systèmes d'exploitation et donc sur leur prix et leur qualité ? Quels sont les enjeux de la fin de la vente subordonnée, pour vous et pour notre pays ? Savez-vous si des décisions de justice ont fait avancer les choses pour les consommateurs ?
Si certaines de ces questions vous intriguent, cette FAQ est faite pour vous : bonne lecture !
nusrequièrent-ils une réorganisation de la production ?
Pour apprécier l'intérêt du consommateur, il est utile d'avoir à l'esprit plusieurs points.
Dans la position officielle de 2005 de la DGCCRF, dans des réponses ministérielles aux députés et dans quelques jugements, la vente liée était excusée sous prétexte de l'utilité de la préinstallation pour un consommateur moyen. Or, l'une est parfaitement possible sans l'autre.
Voici un exemple qui le démontre. Un système d'exploitation est pré-installé sur le disque dur, mais il est possible, si on le souhaite, de ne pas payer la licence : il suffit de laisser dans les mains du vendeur le code d'activation qui permet le premier démarrage du système pré-installé.
D'autres méthodes peuvent également être utilisées pour donner une possibilité à un consommateur de ne pas acheter un logiciel pré-installé. Ainsi, et c'est ce que nous souhaitons, un utilisateur peut très bien bénéficier d'une pré-installation sans qu'un autre soit obligé de payer une licence, associée au même logiciel pré-installé, qui lui est inutile.
À titre d'exemple, voici quelques méthodes envisageables.
Les associations disent qu'il s'agit de deux produits distincts. Les constructeurs et les distributeurs disent que le matériel et le système pré-installé constituent un produit unique. Qui croire ?
Sur le fond, le consommateur averti sait qu'il est possible d'acquérir un système d'exploitation séparément en magasin, puis de l'installer sur l'ordinateur qu'il aurait lui-même assemblé par exemple. Plus largement, l'installation d'un nouveau logiciel est une pratique courante pour de nombreux utilisateurs. Ainsi, sur le fond, matériel et système d'exploitation sont bien deux produits distincts.
D'un point de vue officiel, la DGCCRF a affirmé dès 2005 qu'il s'agissait de deux produits distincts, ayant de surcroît un régime juridique différent. Ce point a été réaffirmé au TGI de Montpellier (Dell, 17 juin 2008, page 11) et au TGI de Paris (UFC / Darty, 24 juin 2008, page 7).
La fin de la vente subordonnée est importante à plus d'un titre.
La vente subordonnée d'un système d'exploitation avec un ordinateur, contestée par un nombre croissant de consommateurs (pétition racketiciel, enquête du CREDOC), a fait l'objet de procédures judiciaires de la part de nombreux particuliers et de la part de l'association de consommateurs UFC-Que-choisir.
motif légitimeque constituerait l'intérêt du consommateur. Or, dans l'article L.122-1 du Code de la Consommation, le
motif légitimes'applique au refus de vente et non pas à la vente subordonnée. Jugements concernés : TGI de Paris, UFC / Darty, 24 juin 2008.
Les netbooks ont été commercialisés en France au début de l'année 2008. Ces ordinateurs répondent idéalement à une utilisation nomade (connexion, navigation, courrier etc). Cette spécificité d'un matériel assez léger a écarté Windows Vista, trop gourmand, et a mis en concurrence frontale Linux et Windows XP : les premiers modèles étant sortis sous Linux, le système Windows XP a vu son prix réduit des deux tiers et a alors pu reconquérir à peine plus de la moitié de ce marché.
Le tatouage est un système de blocage empêchant le démarrage de l'ordinateur si les composants matériels ou logiciels ne sont pas ceux attendus. Concrètement, ce verrouillage est réalisé au niveau du BIOS en vérifiant les numéros d'identification de la version du système d'exploitation et du disque dur installés.
Le tatouage peut avoir plusieurs conséquences : impossibilité de changer son disque dur pour en augmenter la capacité ; impossibilité d'utiliser un autre système d'exploitation comme Linux, ou même une autre version de Windows acquise en magasin ; captivité du client qui doit passer par un professionnel pour toute opération de mise à jour conséquente de la machine ; difficulté à la revente auprès de personnes souhaitant installer d'autres logiciels.
En empêchant la plupart des utilisateurs d'installer sur le disque dur un autre système d'exploitation que celui choisi initialement par le constructeur, la pratique du tatouage réduit la découverte ou l'utilisation d'autres systèmes d'exploitation, et distord ainsi la concurrence.
De nombreux composants matériels ont des caractéristiques techniques (interfaçage avec le système d'exploitation) qui ne sont pas rendues publiques. Cette non-divulgation des caractéristiques d'interopérabilité induit de facto une distorsion de concurrence, puisqu'il est assez fréquent qu'un ou deux composants soient mal reconnus par les autres systèmes d'exploitation que celui qui a été configuré avec ce matériel.
La vente subordonnée, très répandue depuis plusieurs années au profit d'un seul système d'exploitation, a favorisé l'apparition et la poursuite assez fréquente de cette pratique de non divulgation des caractéristiques d'interopérabilité des matériels.
Pour rétablir la concurrence entre les systèmes d'exploitation, il faudra donc imposer aux constructeurs de composants matériels la publication des spécifications nécessaires à leur interopérabilité avec tout système d'exploitation.
Techniquement, une possibilité de remboursement a posteriori ne change en rien la nature de la vente. De plus, dans les faits, une telle possibilité n'est pas équivalente à un choix offert dès l'achat.
Dans le cas d'une simple possibilité de remboursement, le manque potentiel d'information et, plus encore, le fait qu'une nouvelle démarche soit nécessaire après l'achat pour initier le remboursement, sont de nature à altérer le comportement économique du consommateur. Ainsi, dans le cas d'une possibilité de remboursement après l'achat, non seulement la vente subordonnée demeure, mais le fondement de son interdiction demeure.
Le remboursement a posteriori est de nature à altérer le comportement économique du consommateur, principalement en raison du défaut d'information préalable dont il s'accompagne souvent en pratique.
L'AFUL a rassemblé les informations publiées par les principaux constructeurs ou par leurs revendeurs afin de fournir aux consommateurs un élément d'appréciation sur le degré de difficulté à obtenir le remboursement du système d'exploitation, et sur le montant proposé.
L'article L.122-1 du code de la consommation précise qu'en cas de vente conjointe, chaque élément du lot doit également être disponible séparément sur le même lieu de vente. Cette disposition est-elle utile pour un ordinateur et un système d'exploitation ?
Ainsi, en étant contraint de chercher une éventuelle offre similaire sans système d'exploitation sur le marché, le consommateur subit un préjudice certain : non seulement il dépense un temps important, mais le résultat de ses recherches est aléatoire. C'est pourquoi certains consommateurs vont en justice pour obtenir du constructeur, s'il le refuse à l'amiable, un remboursement équitable du système d'exploitation.
nusrequièrent-ils une réorganisation de la production ?
Chaque variante d'un produit nécessite la mise au point d'un process de fabrication spécifique. Ainsi, la coexistence d'ordinateurs pré-installés (pour la majorité des consommateurs) et d'ordinateurs dits nus
, c'est-à-dire ayant un disque dur vierge (ou comportant un système rudimentaire pour effectuer les tests matériels) sur une même chaîne de fabrication amènerait à modifier la méthode de fabrication actuel afin de l'adapter à cette nouvelle configuration.
Ces modifications, le doublement de modèles à produire et à gérer, le surcout ainsi engendré servent souvent d'excuse pour maintenir en place la vente liée. Mais en réalité, l'argument est hors de propos puisque ce n'est pas ce que nous demandons.
Afin d'optimiser le processus de fabrication, le paramétrage du disque dur se fait par le procédé d'image disque
qui permet une copie à l'identique. Cela peut se décliner de deux manières différentes :
D'un point de vue technique, la mise en place de l'optionnalité du système d'exploitation consisterait au remplacement d'une image disque pré-activée par une image disque à activer au premier démarrage.
La pré-installation sur chaque ordinateur (du même modèle) demeurerait alors rigoureusement identique sans aucune incidence sur l'organisation de la production
Il n'y a donc, pour les constructeurs, aucun obstacle technique ou logistique à proposer l'optionnalité.
D'un point de vue commercial, une extension de la garantie attachée à un ordinateur est classiquement proposée par le vendeur une fois le produit choisi. En magasin, il propose ce service en surplus au moment de la finalisation de la commande. Sur le site internet des distributeurs, cette option est proposée sous la forme d'une simple case à cocher, qui incrémente le prix à payer d'un montant spécifié.
Il n'y a donc, pour les vendeurs ou les distributeurs, aucun obstacle commercial à proposer l'optionnalité.